Arrivés la veille à minuit à notre hébergement basé à côté de Starigrad, au pied du mont Velebit, nous nous levons à 8h pour profiter d’un bon petit déjeuné Croate et décidons de partir de suite en direction de la ville de Stinica où on devra prendre un bac pour nous rendre sur l’Île de Rab.
Environ 80 km nous séparent de l’embarcation. Particulièrement enjoués à l’idée de découvrir (enfin !) le paysage que la nuit de la veille nous avait masqué lors de notre arrivée, nous sommes subjugués par cette petite route côtière longeant la mer.
La météo est magnifique : pas un poil de vent, 18°C alors qu’il n’est même pas encore 10h… Émeric, Thomas et moi-même s’empressons de faire décoller nos drones dès le premier petit port de pêche. La vue est trop tentante, aucun de nous n’y résiste… en effet, ça valait le coup ! À ce moment-là, on se dit que les 1h30 de route prévues vont vite être rallongées si l’on s’arrête à chaque virage faire une photo !…
On embarque. Le bac est terriblement photogénique : on décide immédiatement de descendre de la voiture et de monter en haut, sur le pont… L’eau bleue turquoise, et transparente, contraste avec la coque blanche du bateau. Notre obturateur n’en peut plus, on shoot dans tous les sens ! La lumière est particulièrement crue et forte, ce qui procure des jeux d’ombre intéressants dont on ne se lasse pas.
Terre en vue ! On commence à se rapprocher tout doucement de Rab que l’on aperçoit à tribord du bateau. J’avais repéré sur Google Earth avant de partir que l’Île avait en effet deux côtés bien différents : la côte ouest est très arborée, tandis que l’est est plutôt aride voir désertique. Le dépaysement est total.
La voiture au sol, on rejoint notre destination qui se situe au sud de Kampor, au niveau de « Suha Punta » où j’avais repéré une superbe crique où l’accès rocailleux révélerait l’une des plus belles crique et plage naturelle de l’Île et du pays. Mais avant, une petite pause à Rab, la capitale de l’île, où un petit décollage drone s’impose !
Avec la vue en drone, on aperçoit au loin les criques où nous avons prévu d’aller faire des photos. Le lieu a l’air magnifique et aucune installation touristique n’est en vue. On s’empresse d’y aller !
Arrivés sur place, un paysage digne des plus belles cartes postales se dévoile à nous : encore une eau bleue turquoise, parfaitement transparente. Personne en vue, à part un pêcheur hollandais qui nous salue. Ça en deviendrait presque troublant tellement que le paysage est reposant, calme et beau.
Envoûtés par ce lieu qui nous invite à la baignade, on est cependant obligés de reprendre la voiture pour quitter l’Île de Rab en direction de Pag, où nous avons prévu de finir la journée pour y photographier le coucher de soleil. Rab reste pour le moment le lieu qui m’a personnellement le plus marqué de par sa beauté et son calme. J’y retournerai probablement un jour !
Changement de cap, direction l’Île de Pag. Aucune liaison en bac depuis Rab pour rejoindre l’autre île comme je le pensais, nous sommes obligés de reprendre la voiture et la route pour revenir de 25 km sur nos pas du matin en direction de l’autre port d’embarquement.
Le bac met près d’une heure à arriver et nous laisse le temps de manger un bout. Le seul problème est que les heures filent et il est probable que le soleil soit bien trop couché lorsqu’on arrivera sur le spot à Pag…
Le bac pris, on débarque sur Pag pour attraper les dernières lueurs du soleil sur le nord de l’île. Le paysage est particulièrement désertique. Aucun habitant sur la partie nord où nous sommes : des immenses enclos naturels où les fameux moutons de l’île de Pag déambulent librement pour leur plus grand plaisir. Le vent souffle très fort et nous manquons à plusieurs reprise de tomber sur le sol très abrasif de ce petit coin de désert où aucun arbre ni buisson ne semble avoir voulu pousser. La lumière du soleil presque disparue, l’heure bleue commence : il est temps de sortir le trépied et de commencer les poses longues pour révéler les teintes rosés que prennent les roches du terrain… quelques étoiles apparaissent, le coucher de soleil est sublime.
L’objectif aujourd’hui est d’aller visiter les fameux Lac de Plitvice. Lieu réputé particulièrement touristique, surtout en saison estivale, il faut qu’on parte de très bonne heure pour arriver à 7h, pour l’ouverture. Nous avons 1h30 de route, le lever à 5h est douloureux pour tout le monde !
La route s’annonce superbe, avec une traversée du pays dans presque toute sa largeur. Il fait assez chaud ce matin, environ 20°C lorsqu’on part à 5h30. Tout le monde dort dans la voiture, je suis le seul à admirer le paysage de nuit, éclairé par la lune, quand soudain un grand coup de froid dans la voiture. Je coupe immédiatement la climatisation et mets même le chauffage. En effet, en sortant du Sveti Rok Tunnel, la température a brutalement chuté à 4°C ! Le paysage est complètement différent de ce côté-ci de la montagne, brume épaisse, cheminées des maisons fumantes… l’automne est ici bien présent. Pas le temps de s’arrêter, Plitvice n’est plus très loin et à 4°C, je n’ai pas tellement envie de sortir de la voiture !
On choisi l’entrée 2 car moins fréquentée, puis de remonter tous les lacs en commençant par les inférieurs (parcours F puis E, et retour en navette jusqu’au parking).
Le jour se lève tout juste sur les chutes d’eau de Plitvice, le paysage est grandiose et encore peu de gens circulent. Alors qu’il fait toujours 4°C, jamais on aura autant eu hâte de voir le soleil ! Les lacs sont encore couverts d’une légère brume. On commence à apercevoir le soleil descendre doucement dans la vallée…
Il est environ 9h, l’affluence des premiers touristes commence à devenir pesant. Il devient compliqué de faire une photo en longue exposition : les gens marchent fort, les pontons bougent beaucoup, impossible de tenir l’obturateur ouvert plus de 2 secondes sans que la photo soit floue. Qu’à cela ne tienne, au moins il fait beau !
On décide de quitter un peu l’itinéraire classique et d’aller se perdre dans les autres chemins plus petits, jusqu’à arriver sur le point d’accostage du bateau qui nous permet d’accéder aux lacs supérieurs.
Les lacs sont superbes, presque même plus beaux que ceux du bas ! La chaleur est remontée et les kilomètres qui s’enchaînent commencent à nous donner chaud !… Nous qui aimons tant les lieux de nature, on est peu lassés de piétiner parmi la populace. Le lieu est magnifique mais bien trop fréquenté. Nous décidons d’abréger la visite et de retrouver notre voiture afin de laisser place à un éventuel autre spot pour le coucher du soleil au retour. Il faut qu’on y réfléchisse : où pouvons-nous donc nous arrêter ?
En 1h30, nous avons le temps de nous questionner sur le spot. À l’aller, j’avais repéré cette montagne, le Tulove Grede, surplombant toute la plaine de Zadar. Cette même montagne qui avait bloqué le passage du courant d’air froid qui s’est abattu sur nous à l’aller ! Je propose ça à l’équipe, l’idée plaît à tout le monde. Seul soucis, il faut emprunter une piste en terre sur plus de 10 km… Un soucis, pas vraiment !
Arrivés à la fin de la piste, on découvre un endroit typique des montagnes de Dalmatie, illuminé d’un sulbime lumière de golden hour… On admire, tout en continuant d’avancer vers le col, notre point d’arrivée.
Ici aucun réseau, pas d’internet ni de ligne électrique ou de canalisation… Seul le vent souffle en s’engouffrant dans ce col de petite montagne où semble vivre une personne, accompagnée de ses moutons. On avance encore quelques mètre, et là… stupeur.
Le soleil d’un rare orange embrase tout le paysage s’étalant sous nos yeux ébahis… Une petite chapelle domine l’horizon, comme pour garder le col et marquer la transition entre les comitats de Zadar et de Comitat de Lika-Senj… Pas une minute à perdre, l’objectif est simple : shooter jusqu’à la dernière lueur ! Avec Émeric, on se tâte à faire décoller le drone, mais une fois prêt de la chapelle, un vent virulent de 60 km/h nous donne du fil à retordre… on abandonne l’idée rapidement.
Au vu de l’accessibilité et de l’altitude de la chapelle, ce lieu doit sans doute posséder un caractère religieux important que je n’ai pas su déchiffrer. Aux abords du chemin, on découvre notamment plusieurs tombes avec quelques offrandes, mais aussi un petit monument orné d’une croix…
On décide de terminer nos photos et de quitter ce lieu qui restera classé parmi les plus beaux couchers de soleil que j’ai vu et pris en photo. Une sensation de satisfaction immense, d’avoir fait le bon choix au retour de Plitvice et d’avoir été au bon moment, au bon endroit. La satisfaction aussi d’avoir terminé la journée sur un spot comme on les aime, d’avoir partagé avec le groupe ce moment unique où on se sent seul à avoir eu le privilège de photographier ce qu’on a vu…
Ce matin on a traîné un peu… Impossible de réveiller Émeric et Thomas s’est rendormi. Bref, pour une fois nous partirons quand il fait jour ! C’est d’ailleurs presque la première fois qu’on découvre de jour l’endroit où on loge, à côté de Seline… une petite photo en bord de route s’improvise.
L’autoroute est longue, mais les paysages se diversifient de plus en plus au fur et à mesure que l’on descend en direction de Split. On pourra noter que les routes sont bien entretenues et les péages très peu chers : pour 250 km d’autoroute, nous avons payé l’équivalent d’une dizaine d’euros ! Aussi, chaque station service où nous avons fait halte avait une patrouille de police stationnée sur place, du jamais vu en France.
On quitte l’autoroute pour s’engouffrer dans les dernières petites routes qui mènent à Omiš. On traverse une multitude de petits villages typiques mais semblant cependant assez pauvres qui me rappellent un peu les paysages d’Italie… La lumière de fin de matinée me plaît beaucoup : un peu crue, elle a tendance à révéler les reliefs qui viennent renforcer mon arrière-plan… je lâche le volant, tire le frein à main et descends presque à chaque virage faire une photo !
Arrivés sur Omiš, on essaie de s’éloigner du centre en trouvant un restaurant un peu typique du coin : Bleuenn et Émeric ont envie de fruits de mer. Pas de bol, fin septembre en Croatie, la saison touristique est largement passée et les rues sont presque vides. On en profite pour faire quelques photos en bord de mer où les plages sont désertes ! Aucun humain à l’horizon à part nous.
On décide finalement de rejoindre le centre historique à la recherche de quelques chose de sympa en se perdant dans les petites ruelles pavées de la ville.
Le repas à peine terminé, nous chaussons nos chaussures de rando, demandons à des locaux de nous ravitailler en eau et on commençons à monter. Notre prochain spot est une fortification du 15e siècle qui domine de 300m la ville d’Omiš. Le chemin est réputé pour être particulièrement raide et sportif et il faut faire vite car le soleil va rapidement tomber. On décide de prendre l’itinéraire le plus court (celui qui part de Borak), afin de nous éviter de reprendre la voiture et ainsi perdre du temps, quitte à ce que ce soit plus dur. Point positif, ce chemin est exposé au soleil, alors que l’autre, plus simple, est déjà dans l’ombre…
La montée est hard, très hard ! Il n’y a pas d’autres mots. 500 mètres de dénivelé positif pour 1 km environ, on monte très vite en hauteur, mais le cœur souffre, surtout quand on vient de finir un copieux repas ! Ça monte sans compromis, droit dans la montagne. On croise essentiellement des croates en tenue sportive qui ont sans doute fait l’aller-retour en courant ou en marche sportive. La vue, de plus en plus dégagée et belle, m’aide à progresser. Bien que plus sportif et endurant que moi, Émeric m’accompagne à la montée, tandis que Thomas et Bleuenn sont déjà quelques dizaines de mètres au-dessus.
Mon corps commence à bien encaisser l’effort. J’aime sentir cette sensation « d’acclimatation » qui survient d’un coup lors d’une randonnée où ça grimpe pas mal. Elle donne soudainement envie de se mettre à courir… mais la forteresse est là, dévoilant les contours de ses fortifications dans un sublime contre-jour. Le reste du groupe m’attend et m’encourage dans les derniers mètres, tandis que j’admire le décors.
On entre sans plus tarder dans la forteresse afin de se préparer au coucher soleil qui devrait arriver d’ici 1h30 maximum. L’entrée est de 15 kunas (environ 2€), que nous donnons au gardien avec qui nous avons plaisir d’échanger quelques plaisanteries alors que personne ne se comprend !
Le vent souffle terriblement fort. J’ouvre l’application WINDY APP afin de vérifier les rafales à cet endroit : 60 km/h avec rafales à 90 km/h… on oublie immédiatement l’idée de faire voler le drone ! Et pour cause, une fois montés en haut de la tour principale, on a du mal à tenir debout ! Le vent nous emporte et nos trépieds ne tiennent pas : tout s’envole. Malgré qu’on ne puisse pas faire ce qu’on voulait en photo, on improvise. Encore une fois seuls sur ce spot, on devient les maîtres de la forteresse et accumulons les souvenirs…
Soleil à l’horizon, on préfère décrocher avant l’obscurité complète. Je suis le seul à avoir une lampe frontale, et au vu du dénivelé, il est important d’assurer la descente. Arrivés de justesse à la voiture, on s’arrête faire quelques course avant de prendre le chemin du retour, direction Seline… et les 250 km d’autoroute.
Après avoir fait nos valises, pris un petit déj et vidé notre logement, nous décidons de retourner sur l’Île de Pag dès la matinée au lieu d’aller déambuler dans les rues de Zadar. Passés trop rapidement l’autre jour sur Pag pour le coucher du soleil, j’avais un peu de mal à quitter la Croatie sans être passé sur certaines parties de l’île que j’avais repérées ! La journée s’annonce sublime, avec encore un beau soleil ; même si on aurait référé avoir quelques nuages pour avoir un ciel moins plat.
L’Île de Pag est un bandeau de terre aride où la moitié est désertique, constamment balayée par la Bora, un vent continental. Célèbre de par son fameux fromage, le paški sir, l’île compte pas moins de 30 000 brebis qui paissent tranquillement sur les parcelles arides délimitées par des murets de pierre, visibles depuis le continent.
Nous arrivons donc en voiture par le sud, au niveau de la route 106 et faisons une première halte pour au niveau du fameux et très beau pont « Paški Most », qui est le seul endroit permettant d’accéder à l’île de Pag sans prendre le ferry. Habituellement fréquenté, l’endroit est aujourd’hui totalement désert et a même des allures de station service désaffectée un peu façon « Route 66 » ! Il y a trois cabanes, dont une en ruines ; les deux autres étant de petites boutiques probablement ouvertes l’été en saison.
On profite des conditions parfaites pour tenter un vol drone et voir ce que ce pont peut donner dans un angle différent de celui sur lequel nous sommes positionnés. Verdict, c’est beau !
Après une longue session photo sur place, nous décidons de prendre le chemin du retour en direction de l’aéroport de Zadar, où notre avion décolle en milieu d’après-midi. La tentation est trop forte et il nous reste un peu de temps, on décide de faire une dernière escale avant de quitter le secteur. La veille, j’avais repéré la petite ville de Ražanac, avec son minuscule port… un endroit idéal pour terminer notre séjour les pieds dans l’eau avec une bière citronnée croate !
L’endroit est calme, les touristes inexistants ! Les habitants sortent de la messe, et se retrouve en terrasse. On sent qu’il y fait bon vivre. Nous traversons le village et nous garons à côté du port pour nous relaxer et profiter du temps qu’il nous reste avant l’avion. Thomas et moi décidons de faire décoller le drone et de voir ce que ça donne… Anecdote, jamais j’aurai pensé qu’un jour je ferai décoller mon drone les pieds dans l’eau !
La vue est sublime. Il me semble avoir même passé les 20 minutes de la batterie à voler en stationnaire pour observer la magnifique vue qui s’offrait à nous…
Dernière bière et on est parti. Direction l’aéroport de Zadar et retour en France avec des images plein la tête et des souvenirs mémorables d’un groupe photo complice et au top !
Le vol retour est particulièrement beau. On a droit à un coucher de soleil rose-orangé à 11 km d’altitude, couronné par un mer de nuages permanente sur les monts italiens.
Crédit photos : Aurélien Papa
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