On est prêt, tous les trois. Les valises ont été bouclées. On est complètement impatients ! Pour moi, ce sera mon tout premier voyage en avion, j’ai hâte tout en restant un peu anxieux. C’est mon premier voyage « loin ». Ces quelques mots, ces quelques phrases n’expriment pourtant pas toute mon excitation. Après tout, ce n’est qu’un voyage en Islande. 11 jours, avec Jonathan et Arnaud sur cette île proche du grand nord.
Je suis dans l’avion, place 29F, juste à côté du hublot. L’avion s’arrête puis les moteurs des réacteurs s’emballent dans un bruit assourdissant. Plaqué contre mon siège, je ressens l’accélération de l’avion sur la piste. Ce n’est pas sans me rappeler mon expérience du BlueFire à EuropaPark en Allemagne il y a 5 ans. Je profite… L’avion se cambre. Et je ressens ce moment où les roues ne touchent plus le sol. C’est perturbant. Comme s’il manquait quelque chose, comme si ce n’était pas normal. C’était mon premier décollage. L’avion monte et monte encore. Je me perds un peu dans mon rapport à l’espace. L’avion monte sûrement, je le ressens encore puisque mon dos reste collé au siège. Mais je n’ai aucun autre moyen de me l’assurer. Au hublot, je m’émerveille du point de vue que j’ai et bientôt un champ de coton éparse me cache des endroits de terre ferme. J’avoue, une petite émotion monte et je dois retenir cette petite larme. Ce n’est qu’un décollage après tout. Certes, vers l’Islande, ce rêve qui paraissait si lointain en début d’année. Impatient d’arriver et de découvrir les joies de l’atterrissage !
Quand on est arrivé à l’aéroport, tout s’est enchaîné très vite ! La récupération de nos valises, celle de notre Dacia Duster qui nous permettra d’arpenter les pistes Islandaises en toute sérénité, et notre première destination. Le phare du Gardur ; Spot régulièrement oublié par les voyageurs, et pourtant spot accessible très facilement accessible depuis l’aéroport. Mon petit frère m’avait prévenu : la météo change en l’espace d’un quart d’heure en Islande ! Il faisait presque beau quand on est arrivé au phare. Il pleuvait des trombes d’eau quand on en est reparti…
En repartant, on s’est arrêté faire quelques courses, on a rempli le coffre du Duster, on a récupéré la tente et les réchauds qu’on avait loué, puis on a tracé… On était censé rejoindre un camping, mais on ne l’a jamais trouvé. Après une bonne heure de route, on s’arrête sur le bord de la route : ce sera finalement camping sauvage pour notre première nuit en Islande.
Il pleuviote quelque gouttes. Ce genre de pluie qui me saoule énormément. On ouvre le coffre, et on sort la tente. Il va falloir réussir à la monter, sous le crachat d’un ciel ni trop nuageux, ni trop clair. Au loin, on distingue deux lueurs orangées, sûrement Keflavik et Reykjavik… Je lève les yeux au ciel, et j’arrête soudain d’aider mes deux compagnons de voyage à monter la tente : « les gars, y’a peut-être des aurores boréales au-dessus de nous ! Le seul moyen de s’en assurer, c’est de demander à mon appareil photo ». L’excitation monte en moi, j’en suis sûr maintenant. Ce ne sont pas de belles aurores bien visibles pour mes yeux qui croient que ce sont des nuages. Je prends mon trépied dans le coffre, je récupère mon Nikon, et je fais une photo test avec des réglages dont j’ai encore honte… Résultat, s’en sont !
Voici donc ma première photo d’aurores boréales : ISO 25 600 sur un Nikon D7200, F/4 et 1.3s
Après ça, on s’est vite couché dans nos gros duvets sous la tente. On est en Islande depuis 8 heures seulement, et pourtant j’ai déjà pris quelques 70 photos… ça va être bien… ça va être très très bien même. Et je pense que cette nuit, je vais avoir le temps d’imaginer !
Les nuages ne sont pas partis… Mais c’est agréable de découvrir de jour l’endroit où nous nous sommes arrêtés en pleine nuit hier.
On reprend la route, direction Borgarnes. Un petit village sur la côte ouest. Notre but du jour, c’est d’atteindre Kirkjufell en fin d’après-midi. Sur la route, on croise certains paysages magnifiques. Au loin un énorme rocher, qui paraît isolé, duquel coule une cascade. Ce sera notre premier spot non prévu. Le ciel est toujours chargé mais cette petite randonnée inattendue nous fera du bien.
À Borgarnes, à part un petit chaton qui nous a adopté et dont la clochette du collier retentit en continu pour qu’on ne le perde pas, nous n’avons guère croisé de spot extraordinaire… Il faut dire que la météo n’aide pas non plus. On commence à trouver le temps long sous cette grisaille ! On continue notre route jusqu’à Grundarfjördur, petit village à proximité du Kirkjufell.
Quand on y arrive enfin, l’excitation est grande. On se trouve devant la montagne la plus photographiée d’Islande. Emporté par mon émotion, je ne me rends pas compte que j’ai laissé ma créativité et mon imagination dans la voiture et que je m’apprête à faire exactement les mêmes photos que tout le monde. Mais ce n’est pas grave… Je suis là pour ça, prendre des photos. Le vent souffle, fait balancer les trépieds, et gifle mon visage. L’émotion que je ressens est mixte. Je suis hyper heureux d’être ici, mais déçu de la météo. C’est dur… mais c’est génial.
Un petit quart d’heure a passé quand je reprends peu à peu le dessus sur mon excitation. Il est temps d’essayer de faire autre chose que ces dizaines et dizaines de photos qui se ressemblent. Je suis sûr que toutes les photos de cette montagne ont déjà été prises et qu’elle n’a plus de face cachée, mais je m’amuse à trouver de nouvelles manières de faire. Il suffit d’une flaque d’eau, ou d’un cailloux en premier plan pour transformer un spot… !
On a prévu de dormir dans le camping d’Arnarstapi ce soir. Cette première journée complète en Islande nous a fatigués. La tension monte aussi un peu entre nous. Mais rien d’alarmant, surement la météo qui nous agace. On continue notre route dans la péninsule de Snaefellsnes, jusqu’à atteindre le camping. Arrivés sur place, la propriétaire nous dit que les douches ne sont pas fonctionnelles. Mais cette information refroidit l’un d’entre nous, et nous voilà à la recherche d’une douche. On reprend la voiture, et je m’endors paisiblement pour essayer de ne pas aggraver la situation : il va falloir vivre avec ces 2 compagnons pendant les 9 prochains jours encore. Ce n’est pas gagné !
Soudain, un grand coup de frein me réveille en sursaut ! Je regarde la route et à première vue, je ne vois rien. Puis… une petite tête, puis une deuxième… des moutons… qui traversent la route sans crier gare ! Au moins, on sait qu’un Duster, même lancé à 90 km/h ça freine bien !
Quand enfin on arrive là où la propriétaire du camping nous avait indiqué qu’il se pourrait qu’il y ait des douches, on se rend compte qu’il s’agit en fait d’une piscine et… qu’elle vient de fermer ! On décide alors de refaire la route en sens inverse pour rejoindre notre camping pour ce soir.
On en revient complètement trempés… ! Pourtant tout avait bien commencé, et le lever du soleil avait percé entre les nuages sur l’océan. De ce côté-ci de la péninsule, les vagues viennent se briser directement sur les falaises. On est parti une bonne heure le long de ces falaises, à marcher sur un chemin sinueux et des pierres sûrement volcaniques. Le ciel bleu apparaissait de temps en temps, quand les nuages le décidaient.
Le vent soufflait si fort qu’il en faisait remonter l’eau des cascades. On en a profité pour mettre quelques affaires à sécher. Du vent, un peu de soleil, et le sourire qui revient sur nos visages. On profite de ce matin pour reprendre un peu notre souffle. La journée va être rude, on a prévu plusieurs arrêts.
Après un court arrêt à Rauðfeldsgjá Gorge, une gorge islandaise qui vaut le coup d’oeil, dans laquelle une mouette vivait ses derniers instants, nous avons continuer le voyage en direction de Gerðuberg Cliffs. C’est ici qu’on a fait bouillir de l’eau pour nos repas lyophilisés. On a décidé de ne manger quasiment que ça du voyage pour nous éviter de dépenser trop à faire les courses. Les magasins Islandais restent assez chers, même quand on suit les bons conseils d’internet. Et après tout, on ne regrette pas vraiment notre choix : ces repas sont équilibrés, caloriques, suffisants en quantité, et au final relativement gustatifs !
Le réchaud est protégé par un muret en pierre, surement vestige d’une très vieille cabane en pierre, ou bien construction de touristes. Tout autours de nous s’élèvent des colonnes de blocs de basaltes, “à la Minecraft”. Et cette falaise s’étend sur plusieurs centaine de mètres sans que l’on sache réellement le pourquoi du comment.
Le paysage qui s’offre à nous est splendide. Un désert, des montagnes, un cratère, un petit village, et des nuages moins menaçant que la veille qui laissent passer quelques bouts de ciel bleu. J’ai repris le volant du Dacia Duster, prochain arrêt : Hraunfossar !
Le vent s’est levé à nouveau. Les nuages sont comme je les aime : bien visibles, et assez contrastés. On sors à peine de la voiture que l’on entend le tumulte de l’eau des cascades. En s’approchant de la Hvítá, le fleuve qui coule en contrebas, on aperçoit alors la multitude de cascade sortir de nulle part, en dessous de ce champ de lave et finir leur course dans les flots. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si beau, si pur ni si balisé… j’ai effectivement cette petite frustration de voir à quel point l’Islande à balisé tous ces “Spots” si connus. C’est un peu dommage. Il va falloir se contenter des espaces accessibles pour faire mes photos de ce paradis des cascades.
Le soleil se couche dans une lueur orangée que j’aperçois à l’horizon. C’est l’heure pour nous de repartir vers le camping suivant dans lequel nous passerons la nuit ! C’était une journée bien remplie et j’en ai déjà plein les yeux. À partir de demain, on voyagera dans le sud de l’Islande pour aller jusqu’au port d’Hofn.
Thingvellir ! On a eu un peu de mal à trouver le camping en pleine nuit hier soir, mais ce matin, c’est non sans mal qu’on a trouvé… des douches ! ET CHAUDES ! Le grand luxe, le bonheur… Ce furent nos premières douches du voyage. On ne fait pas la fine bouche quand on voyage en Islande en septembre. Un ami m’avait prévenu avant le départ : “si tu ne trouves pas de douches, c’est pas si grave… par contre si tu en trouves une, profites à fond, tu ne sais pas quand sera la prochaine !”.
Tous les campings ne proposant pas forcément de douches, il faut souvent allonger le prix de quelques couronnes islandaise pour s’en offrir. Un bon café bien chaud pris au pittoresque restaurant du camping et nous voilà déjà repartis.
Nous sommes dans la région de la faille entre les plaques tectoniques Eurasienne et Américaine. Les nuages se sont empirés, et il n’y a plus qu’un voile grisâtre au dessus de nos têtes. De temps en temps des gouttes de pluie viennent s’écraser sur nos manteaux. Il ne fait pas si froid, mais cette pluie nous a rendu malade. Il est difficile de faire des photos dans ces conditions, mais je me force, pour le souvenir, et pour ne pas regretter.
On reprend la route après avoir mangé : il nous reste encore 3 Spots auxquels nous rendre aujourd’hui. Et je suis impatient d’arriver au prochain !
Il y en a du monde ! Mais c’est que le spectacle en vaut largement la peine ! Geysir, le geyser qui donna son nom au phénomène. Ou presque… J’apprends sur un panneau que celui que l’on voit s’appelle en réalité Strokkur, que son éruption est naturelle et qu’elle a lieu aléatoirement une fois toutes les cinq à dix minutes pour une hauteur de 20 mètres, tandis que son grand frère, Geysir, lui ne se réveille que 2 à 3 fois par jours et produit une éruption pouvant atteindre 120 mètres de haut. N’ayant pas eu l’occasion de le voir en activité, on se contentera de Strokkur.
L’odeur de souffre qui règne aux abords du lieu, lui aussi balisé, n’est pas très agréable. De l’eau bouillante sors de ci, de là et de petits panneaux conseillent fortement de ne pas essayer de la toucher.
Après un petit arrêt à l’énorme boutique aménagée près du geyser, on reprend la voiture pour terminer notre visite des trois lieux principaux du Golden Circle. C’est sous un ciel bleu étourdissant dont nous n’avions plus l’habitude que nous arrivons à Gulfoss.
C’est le même fleuve que celui d’hier soir, la Hvita qui subit une succession de cascade sur une hauteur totale d’une trentaine de mètres et dont la largeur me paraît vraiment énorme. C’est dur de ne pas être trop pris par l’émotion ou l’excitation du voyage et de se concentrer sur les photos. Je me bat avec moi-même pour savoir si je récupère ou non mon trépied et mes filtres ND que j’ai laissé dans la voiture, par flemme, par découragement aussi, avant de me donner un coup de pied au derrière pour me remotiver.
Nous sommes arrivés au camping du soir, aux abords de Faxifoss. J’ai repéré cet endroit depuis près de six mois. Il y a une échelle à poissons et je suis impatient d’aller la voir pour de vrai. Cela fait à peine dix minutes qu’on est installés en plein milieu du camping complètement vide du Faxi, quand un gros Range Rover arrive et se gare à notre niveau. Une femme en sort et nous tend son lecteur de carte bleue ! Le paiement de notre nuit de camping étant fait, nous décidons de découvrir les alentours… Le bourdonnement que l’on entend depuis notre arrivée se fait de plus en plus important jusqu’à ce qu’on découvre Faxifoss.
Et j’arbore un grand sourire quand j’aperçois l’échelle à poissons ! C’est la rivière Tungufljót qui borde le camping.
Le lendemain, nous étions sensés traverser notre premier grand gué avec notre Dacia Duster. Mais au vue de toute la pluie qui est tombée ces derniers jours, nous changeons de plan et nous annulons notre grand randonnée au Landmannalaugar… Il faudra trouver un plan B, mais nous sommes fatigués. Nous trouvons de l’électricité pour recharger téléphone et batteries d’appareil photo, puis, après un bon repas, une blessure au pouce et le montage de la tente, nous nous endormons pour notre 4ème nuit Islandaise…
Ce matin, on a demandé à Google Maps de nous indiquer ce qui se trouvait autours de nous. On a maintenu notre décision de ne pas partir au Landmannalaugar, puisqu’il n’était vraiment pas raisonnable de traverser un gué dans ces conditions.
On s’est donc retrouvés au cratère de Kerid, dont l’accès nous a coûté 300 Kr chacun (3€). Nous avons ainsi pu faire le tour de ce cratère, aujourd’hui remplis d’un lac.
Mise à part la terre d’un rouge de sang, ce qui a attiré immédiatement mon attention, c’est ce banc… Un banc d’école, un banc qui n’a rien à faire là, un banc qui a sûrement été placé là quelques jours plus tôt. Mais je l’aime bien ce banc, il incite à prendre le temps de s’asseoir, d’observer, de se poser dans ce pays où le tourisme bat son plein. Il se trouvait au fond du cratère, les pieds dans l’eau.
La pluie a repris ce matin, doucement. Je crois que nous n’avons plus aucune affaire sèche dans la voiture. Tout est trempé… On cherche un endroit où se poser et éviter la pluie, et l’on finit par s’installer dans un KFC. Mon tout premier KFC sera donc Islandais ! Tout en mangeant, on réfléchit au programme de l’après-midi, et on décide d’avancer le planning. On ira donc à Seljalandsfoss, puis une petite randonnée nous amènera à Seljavallalaug, une source chaude perdue dans la montagne.
L’après-midi à été une pure perte de temps… Pour Seljalandsfoss, on pouvait compter quatre ou cinq bonnes autres centaines de personnes, et nous étions en file indienne pour passer sous la cascade. Je n’y ai pris aucune photo, et c’est un peu déçus que nous sommes partis randonner. La longue ballade à laquelle je m’attendais a été bien plus courte que prévu… à peine trois petits kilomètres séparent le parking de la source. Je regrette peut-être de ne pas m’y être baigné, la température et le vent extérieur faisait obstacle. J’y ai plongé ma main et elle semblait tout juste assez chaude. Une éclaircie dans les nuages me poussa à changer complètement les plans du voyage : “Eh les gars, il faut qu’on aille voir l’avion ce soir ! Il y a un peu de soleil, il faut absolument qu’on en profite !”
Perdu au milieu du désert de sable noir de Solheimasandur, il aura fallu marcher près de 40 minutes sur un chemin balisé pour apercevoir l’avion. C’est une attraction phare de l’Islande, et y prendre des photos s’avère compliqué : beaucoup de touristes grimpent sur la carcasse et tournent aussi autour. Mais il est déjà presque 19h30 quand on y arrive et les voyages groupés ainsi que les familles quittent peu à peu l’endroit pour nous y laisser presque seuls. On en profite alors une bonne heure avant de rejoindre notre camping du soir.
Le temps passe si vite, et il nous reste encore tant de choses à découvrir… le voyage est loin d’être terminé, même si on en est déjà la moitié !
Crédit photos : Aurélien Lévy
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1 réponse
Superbe itinéraire !! Je conseillerais également de faire une escale à la cascade de Glymur et de monter au sommet !!
En hiver c’est parfait, il y a une rivière froide à traverser 😉
Belle journée,
Arnaud