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Randonnée estivale jusqu’au sommet du Roc du Vent depuis le Cormet de Roselend dans le Massif du Beaufortain en Savoie
- Difficulté : moyenne
- Altitude max : 2322 m
- Temps de montée : 2h
- Temps de descente : 1h30
- Dénivelé cumulé : +588 m
- Distance (A-R) : 8,5 km
- Accès : mai à octobre
- Fiche topo : oui
Cela fait de nombreuses années que je suis captivé par cette étrange montagne à la crête plate, visible depuis le Lac de Roselend. Qu’importe que l’on arrive depuis Beaufort ou de Bourg Saint-Maurice, impossible de rater cet imposant rocher qui domine le lac et son barrage.
En Savoie pour une dizaine de jours avec un groupe d’amis, on décide de commencer tranquillement afin de s’acclimater au terrain montagneux. N’étant pas de très grands sportifs, cette randonnée m’a semblé idéale comme première ascension. J’avais déjà tenté de prendre ce chemin il y a quelques années en automne, mais pris au piège dans un brouillard épais, j’avais été contraint de redescendre. Aujourd’hui, c’est l’occasion d’aller jusqu’au bout !
Après avoir passé une bonne partie de la matinée sur la route, l’heure du déjeuné approche. Arrivant près du Lac de Roselend, nous pensons qu’il serait alors plus agréable de s’y arrêter pour manger avant de commencer notre randonnée. De toute manière, le soleil est au zénith et sans nuage, cela ne serait pas très approprié de monter maintenant !
Le casse-croûte terminé, nous reprenons la voiture quelques kilomètres jusqu’au Cormet de Roselend où une petite place en bord de route nous permet de nous garer facilement (1897 m d’altitude). Le chemin est juste devant nous et commence en traversant quelques alpages occupés de belles Tarines, les fameuses vaches qui prêtent leur lait à la confection du formage Beaufort !
Plusieurs itinéraires plus ou moins durs permettent d’accéder au Roc du Vent. Nous avons décidé de suivre sur la carte IGN, une piste s’élevant en lacets jusqu’à “Bel-Air” avant de rejoindre le Chalet de la Lauze où se rejoignent les autres tracés. Même si c’est plus long, cela nous permet de gagner près de 300 m de dénivelé !
Le début est assez calme et plat, aucune difficulté particulière et c’est même plutôt agréable après manger ! Le rocher pointe rapidement le bout de sa crête au-dessus de nous : c’est toujours amusant en montagne de voir les distances paraître si courtes ! La météo est particulièrement belle, la densité des nuages nous permet même d’avoir un beau ciel contrasté sur nos photos, mais surtout de ne pas avoir trop chaud pendant l’effort.
La pente devient raide et sans aucun faux-plat. Le chemin que nous empruntons est celui qui mène au chalet du berger ainsi qu’au refuge. Accessible uniquement en 4×4 ou en tracteur, il nous permet cependant d’avoir une pente régulière et ainsi de bien travailler notre cardio pour nous préparer à la suite de notre séjour !
Nous voici à la moitié de nos efforts, une pause à Bel-Air n’est pas de refus afin de remplir notamment nos gourdes. Nous nous faisons d’ailleurs escorter par le jeune chien de berger qui gardait le chalet… Très heureux de voir de nouveaux amis arriver, il nous aura finalement gardé un long moment pour que l’on joue avec lui !
En quittant Bel-Air, le vent se lève soudainement et davantage de nuages se font remarquer ; ne tardons pas plus, il reste encore la moitié de la randonnée avant d’arriver au rocher. Au vu des courbes de niveau qui suivent le Chalet de la Lauze sur la carte, cette dernière partie s’annonce assez raide avec une pente à 18% sur moins d’un kilomètre.
Finalement ce n’était pas si dur que cela, surtout après notre agréable pause ! L’imposant rocher est en vue, juste au-dessus de nos têtes… Plus que quelques mètres et nous serons en son cœur. Mes collègues de voyage ne le savent pas encore, mais cet endroit est réputé pour offrir un panorama absolument incroyable sur l’ensemble du Lac de Roselend… J’attends de voir leur réaction !
Nous poursuivons le chemin qui s’engouffre au centre des deux blocs rocheux. Une brèche à droite nous permet d’apercevoir un premier panorama sur le Lac de la Gittaz, 750 mètres en contre-bas.
Pour les amateurs de sensations fortes, il existe ici l’une des via ferrata les plus aériennes de la région. Avec deux portions à couper le souffle, c’est une activité à ne pas manquer si vous êtes dans le coin (+ d’infos ici).
Soudain, Sofiane nous appelle. Pressé d’arriver au point de vue, il était parti devant sans rien dire à personne ! Debout, comme figé devant un tableau de maître, il nous attend au bout du sentier, face au vide.
La vue incroyable et presque vertigineuse nous laisse tous sans voix. Personne ne s’attendait à voir quelque chose d’aussi impressionnant, moi y compris ! L’herbe bien verte du Beaufortain s’étale presque à perte de vue, avec au centre le fameux Lac de Roselend et sa couleur d’eau si particulière.
Je décide de faire décoller le drone afin de m’affranchir des deux falaises qui nous entourent…
Oubliant que nous sommes à 2300 m d’altitude, un vent glacial vient brutalement s’engouffrer face à nous dans la brèche du rocher où nous sommes. Je fais alors atterrir le drone en urgence.
La température chute, passant de 24° à 13°, le choc est violent et très inattendu ! Les nuages que l’on avait repéré au loin foncent droit sur nous ; ça se gâte, j’ai peur que ce soit orage.
Peut-être aurions-nous du ne pas prendre autant de temps à nous arrêter à Bel-Air… Un peu déçus, on entame rapidement notre retour en repartant sur nos pas. Nous voilà alors comme perdus au milieu de cette brume dense qui a finie par recouvrir le Roc du Vent. De plus en plus épais, le brouillard nous plonge dans une ambiance très particulière. Malgré le vent, je décide de tenter un décollage du drone entre les deux parois… Il faut que je me concentre si je ne veux pas qu’il s’écrase avec l’aspiration du vent dans la gorge.
Le constat au drone est sans appel : nous sommes bien au cœur du nuage ! Grâce au drone, je m’aperçois aussi que le nuage ne semble pas être celui d’un orage. Il n’en a pas la forme : trop rapide, pas assez sombre, trop peu de pluie et surtout beaucoup trop froid !
Quelques gouttes se font sentir, il est temps de mettre à l’abris le matériel et d’amorcer notre descente. Après seulement quelques centaines de mètres après être sorti de la gorge, le vent n’est soudainement plus aussi froid qu’avant et l’humidité baisse. J’ai le présage que les courants d’airs changent en notre faveur…
Plus aucune goutte de pluie ! Malgré la brume ambiante, je discerne un léger dégagement de la voûte nuageuse qui laisse progressivement place à quelques rayons de soleil ! Peut-être a-t-on simplement croisé la route d’un gros nuage ? Nous nous dépêchons de récupérer le faux-plat au niveau du Chalet de la Lauze afin d’avoir une vue plus ouverte sur la vallée. Moins d’une vingtaine de minutes plus tard, les éclaircies se font bien plus franches et dessinent des puits de lumière un peu partout autours de nous ; c’est superbe !
Je décide de faire décoller le drone pour m’engouffrer dans une de ces percées au-dessus de nous. Ce que je vois sur l’écran de retour vidéo est presque surréaliste après toute cette brume que nous avions eu !
C’est un coup de chance ce que nous avons devant les yeux ! Tout ce brouillard au sommet nous a finalement servi une scène magnifique que nous n’aurions pas pu imaginer en haut… La fin de journée commence à plonger l’ensemble du paysage dans lumière de golden hour très agréable. En drone, le spectacle est un vrai régal, mais les percées nuageuses évoluant rapidement et je décide alors de laisser en drone en vol pendant que nous poursuivons notre marche retour. La vue sur la route du Cormet de Roselend est impressionnante avec les nuages en contre-bas.
Je profite des dernières minutes de batterie qu’il reste au drone pour observer attentivement le mouvement des nuages… Ces derniers ont en effet tendance à descendre en altitude, ce qui me donne la forte impression que nous allons avoir droit à une mer de nuages ! Absolument pas prévue, il serait exceptionnel d’assister à cela. Tout le monde est surexcité à l’idée de voir ce phénomène : ça vaut le coup d’attendre un peu, quitte à redescendre à la pénombre.
Nul besoin d’attendre très longtemps ! Quelques minutes ont finalement suffit pour qu’une imposante mer de nuages s’installe environ 400 mètres plus bas, recouvrant tout le Cormet de Roselend… L’ambiance est sublime et nous isole complètement, comme s’il ne restait plus que nous pour observer ce que nous avions devant les yeux. Tous les randonneurs semblent en effet avoir quitté les lieux ! Nous poursuivons notre descente, avec la conviction qu’on peut arriver avant la nuit à la voiture.
Nous rejoignons la pente raide de l’aller qui nous engouffre à nouveau dans ce brouillard qu’on aurait préféré oublier ! Je me souviens très bien de ces derniers instants magiques où la montagne disparaît lentement… Le brouillard étant trop dense et humide, les photos deviennent vite inexploitables et floues. Mes habits, mon matériel et même ma barbe se gorgent d’eau ; je préfère alors ranger définitivement mon appareil pour mieux me concentrer sur la descente… que je ferait en courant !
Nous gardons tous un superbe souvenir de cette randonnée où rien ne s’est finalement passé comme prévu ! Partis sous un magnifique soleil et un ciel sans nuage, on termine avec un coucher de soleil et une mer de nuages après avoir traversé un épais brouillard sorti de nul part ! Alors que nous avons croisé beaucoup de randonneurs rebroussant chemin à l’issu du brouillard, on se sent encore davantage privilégiés d’avoir pu assister à un spectacle dont nous avons probablement été les seuls spectateurs !
Crédit photos : Aurélien Papa
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